15 juin 2022
Nous sommes à la moitié du festival et les Francos de Montréal ont encore su nous surprendre, nous réveiller, nous émouvoir. Retour sur un jour 5 sous le signe des coups de cœur et d’un shoot d’adrénaline signé Hubert Lenoir.
La Faune
Nous avions rencontré La Faune plus tôt dans la journée et avions été charmées par l’auteur-compositeur-interprète Jérémie Essiambre. Ça c’était avant de voir le groupe sur scène… Depuis, nous sommes fans !
Pour son spectacle aux Francos, La Faune a décidé de ne jouer que des nouvelles chansons, inconnues du public et déjà on aime la prise de risque, payante à en voir le parterre de la scène Hydro-Quebec se remplir petit à petit.
Le projet est pop-rock, accrocheur, singulier. Dès les premières chansons, on tend l’oreille et on se dit qu’il revêt une couleur musicale que nous n’avions pas encore entendue depuis le début du festival.
Il faut dire que la voix légèrement rocailleuse de Jérémie Essiambre ferait fondre un iceberg. Porté par un band d’une grande qualité alternant batterie dominante et envolées de guitare, le chanteur nous entraine avec une facilité déconcertante dans l’univers de cette formation née en 2020.
Parmi les titres au combien nombreux qui nous ont plu, on retiendra Mourir au Canada. La voix est superbe, mise en avant devant par des riffs de guitares percutant et des chœurs qui donnent du corps au titre. On aime, on adore !
Et puisque de terre et d’origine il était question, le chanteur appellera Kanen (chanteuse issue de la communauté innue de Uashat mak Mani-Utenam) par téléphone, au milieu du spectacle, afin de la féliciter pour son prix Révélation Radio-Canada 2022-2023 et de lui dédier une de ses chansons. Comme Émile Bilodeau la veille, La Faune rend hommage aux terres et peuples des Premières Nations avec Regarde où tu mets les pieds. On se dit que cette nouvelle génération d’artistes marque décidément un tournant musical et sociétal nécessaire.
Vous l’aurez compris le son accrocheur et populaire de La Faune nous a emballé, faisant de la formation notre coup de cœur des Francos jusqu’ici. Ce petit bijou rock a un boulevard pour se frayer une place de choix dans le cœur du public et c’est tout ce qu’on lui souhaite.
Lucill
Le concert de Lucill avait lieu juste après celui de La Faune. On retrouve Jérémie Essiambre (qui a piqué un sprint pour arriver jusqu’à la scène Sirius XM) à la basse dans une ambiance plus posée.
Lucill alias Raphaël Bussières nous emmène d’une voix claire et délicate sur une route parsemée de références au classique rock et folk. Au fur et à mesure des chansons, le groupe trouve son rythme, sa couleur et la partage de façon spontanée avec nous. Se dévoile alors un son plus pop faisant parfois même référence aux années 80. Lucill mélange subtilement les influences d’un band aux horizons diverses avec une charmante nonchalance qui nous séduit.
Durant cette journée, on notera également la grande affluence devant les concerts de Fredz et Alex Burger l’un officiant dans un style urbain et l’autre dans un monde rock’n’roll à mi-chemin entre John Fogerty et Philippe Katerine.
Hubert Lenoir
Que dire de Hubert Lenoir que nous n’ayons déjà dit, que le monde francophone n’ait déjà écrit ?
Hubert Lenoir était à la hauteur d’Hubert Lenoir, incroyablement libre et déjanté !
Le chanteur apparait en vidéo backstage avec une pancarte « Musique directe », se prend un p’tit coup de blanc et ça démarre tel un séisme de catégorie 9 !
Dès la première chanson le bandit de la scène québécoise est déjà dans la foule caméra à la main, images projetées sur les écrans géants. On a beau être hors de la horde en délire c’est comme si on y était, l’effet d’un show d’Hubert Lenoir est indéniable.
Casquette, parca jaune fluo façon homme de chantier et robe rose en mode Alice au pays des merveilles, le phénomène n’a pas changé. Il prend même de l’ampleur à chaque fois que nous assistons à une de ses prestations. L’artiste aime de plus en plus les sons saturés et les cris qui rendent la foule complétement folle, on ne comprend pas toujours ce qu’il se passe mais ça se passe et malgré une démarche musicale qui semble débridée, tout est savamment mis en place. Mention spéciale aux musiciens exceptionnels qui rentrent dans l’arène avec lui, c’est un tourbillon dans lequel seuls les meilleurs peuvent rendre le son expérimental de l’artiste accessible à tous.
On notera également l’évolution de plus en plus puissante de la voix du chanteur, une performance digne des plus grands groupes de métal. Avec tout ça, dès la première chanson, le pogo se frayait déjà un chemin dans la foule. Avec Hubert Lenoir c’est tout ou rien alors autant commencer par tout, jusqu’à monter le son au-delà des décibels autorisés, ce qui l’amuse beaucoup (et nous aussi on doit dire).
S’en suivra l’annonce de son Prix SOCAN de la chanson de l’année pour SECRET. Sur ce titre, on le retrouve dans un son plus populaire. Car c’est avant tout ce qu’est Hubert Lenoir, un artiste populaire adoré de la jeunesse québécoise et sûrement détesté de leurs parents selon ses dires.
Hubert Lenoir, c’est une démarche artistique qui tient particulièrement compte de l’image au sens premier du terme. Durant tout le spectacle, Noémie D. Leclerc est présente sur scène, camera à la main, tandis qu’une autre caméra se promène dans la foule. Un rendu presque cinématographique qui n’a de cesse de nous faire vivre l’ambiance vibrante de ce concert électrique.
Au milieu de cette ambiance incroyable, on retiendra aussi le message d’acceptation de soi cher à toute une génération. Lorsque nous avions l’âge de cette génération le monde aurait sûrement limité Hubert Lenoir à une catégorie d’artistes EMO, underground, glam ou autres… Aujourd’hui, particulièrement ici au Québec, c’est un artiste avec un grand A et on s’en réjouit !
Rédaction : Caroline Dirix
Crédits photos : Aurore Davignon